L'histoire du Bois de Serres,

Charles JOCTEUR

 

 

 

                Présentation

 

I              Fiche technique

 

Il             Serres

 

III            Les Lieux-dits

 

IV            Les silex taillés

 

V             Le chemin de Serres

 

VI            Parcellaire et plans de coupes

 

VII          Les Planches

 

VIII         La borne de l'An VIII

 

IX           Les moulins

 

- Plan du XVIIIe siècle des coupes de Fontville

 

- Plan cadastral de 1825

 

 

 


 

 

 

Bois de Serres

 

 

Au temps de notre enfance le bois des Serres, qu'alors nous appelions simplement le Bois, était  pour notre imagination et nos ébats, un grand territoire de découverte et d'aventure.

 

Certaines particularités du relief, nous offraient tranchée, forteresse, ou observatoire pour des grands jeux animés par Scouts ou Cœurs Vaillants.

 

Suivant des sentiers qui n'étaient pas, comme aujourd'hui, larges et dégagés, nous longions avec enchantement le ruban d'argent du ruisseau des Planches.

 

Que de barrages y avons-nous réalisés qu'emportèrent les premières crues.

 

Du viaduc des Flachères, ce majestueux et gigantesque ouvrage où nous aimions à réveiller l'écho des voûtes, nous allions jusqu'à Jeansavon, ce nom qui fleure bon le terroir.

 

On pouvait aussi, délaissant la berge du ruisseau, gagner le plateau de Serres. Le chemin, qui se creusait (et se creuse encore) au flanc de la colline, permettait de voir, pour peu qu'on en escalada le talus,le bel étang du Docteur Girel et réveillait en nous des souvenirs de baignade et d'exploration sous-marine avec nos … masques à gaz de l'école.

 

A l'est, sur la colline en vis-à-vis, proche le chemin du Petit-bois, est la très ancienne source de Font-Jacou. Non loin d'elle, la petite maisonnette, dite du marquis,se souvient de l'arrestation d'une poignée de résistants, le 18 février 1944. parmi eux deux très jeunes femmes, déportées, dont l'une eut 20 ans le jour de son arrivée en Allemagne.

 

Arrivée sur le plateau la piste franchit la voie ferrée par un pont où, pendant l'occupation, mon père comme d'autres, monta la garde armée d'un … bâton et d'un sifflet!

 

Cheminant dans le bois de taillis on côtoie une jolie mare saisonnière et, un peu plus loin, à l'orée, une borne vénérable, marque toujours,depuis l'An VIII, la limite entre communes d'Ecully et de Dardilly. A son propos, une énigme reste à élucider. Pourquoi a-t-on gravé l'An VIII alors que la délibération municipale traitant de la délimitation des deux communes, par le moyen de quatre bornes, est du sept floréal de l'An X?

 

Des chênes et quelques arbres de haute futaie, ancêtres de ce qui, fut, selon la légende, la forêt de nos origines, murmurent pour toi, passant qui sait écouter, leurs souvenirs, les souvenirs d' "aesculus"…

 

 

Charles Jocteur

 

 

 


 

 

 

I - Serres - Fiche technique

 

Préparation du dossier de classement du site de Serres : 1975

Approuvé par le conseil municipal d'Ecully : 14 mai 1976

Accepté par la commission départementale des sites.

Entériné par arrêté ministériel du 3 août 1977.

 

110 hectares de territoire communal inscrit à l'Inventaire des sites du département.

 

3 communes parties prenantes : Ecully - Dardilly - Charbonnières-les Bains

 

2 cours d'eau:

- Ruisseau des Planches - Longueur totale 12.000 mètres - 6.300 sur Ecully, dont 600 couverts. Source : Le Paillet, à Dardilly, altitude 292 mètres.

- Ruisseau de Serres - Affluent, rive gauche, du ruisseau des Planches. Longueur totale 4.500 mètres - 1.500 mètres sur Ecully - Source : le Dodain à Dardilly, altitude 305 mètres.

 

Retenues d'eau :

- Etang artificiel dit de «Font Jacou »

- Sur le plateau, une mare saisonnière.

 

 

 

 

II - Serres (lieu-dit)

 

Attesté en 1427

 

Sources :

recherches Jean Chaffange

terrier Devaulx XVIIe siècle

terrier Jal XVIIIe siècle

plan domaine Fontville XVIIIe siècle

Cadastre de 1825

Evolution du toponyme

Serra vieille 1427 (cf J.Chaffange)

Coulleur ou Serre (XVII et XVIIIe siècle)

Serres cadastre 1825

N.B.- Les terriers Devaulx et Jal orthographient ce nom sans « S». Le signe du pluriel n'apparaît qu'en 1825.

Etymologie

Serre = forme locale du pré-latin serra signifiant montagne allongée (Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France par Albert Dauzat - Larousse 1951)

Serraz, serre = crête allongée et dénudée (Guide Michelin des Alpes, Savoie,Dauphiné - 2e Edition 1974)

Situation

Limité, sur Ecully, par le ruisseau de -Serres à l'Est et le chemin des Planches à l'ouest.

Distance du clocher à vol d'oiseau : 2.500 mètres au nord-ouest.

N.B.- ce site naturel boisé est classé par arrêté ministériel du 3 août 1977.

Source : Les lieux-dits d'Ecully - Ch.J.- 3 avril 2002

 

 

 

 

III - Les lieux-dits du bois de Serres

 

Saut d'Epernon

Le 18 août 1584, le duc d'Epernon, gouverneur de Guyenne, favori du roi Henri III, venait rejoindre son souverain à Lyon où était la Cour. Or, arrivé dans le bois de Serres sa monture, une mûle ombrageuse, se débarassa sans cérémonie de sa charge ... ducale. Les blessures étaient légères mais ... le personnage important. Transporté au château de Fontville Henri III venu à « bride avallée » de Bellecour passa la nuit à son chevet.

Au début du XXe siècle les vieux écullois connaissaient l'emplacement du « saut d'Epernon » mais nul ne s'en souvient plus. Il reste à espérer qu'un document oublié satisfasse un jour notre curiosité.

La Pierre-qui-vire

attesté en 1627

territoire de la pierre-qui-vire

Treyve appelé de la pierre-qui-vire

Situation ignorée

Gaz ou gas (gué) Gellinière (ou Jallinier)

attesté XVIIe siècle

A rapprocher de geline, poule.

Plus crédible, habitation d'un nommé Gellin.

Situation ignorée

La Combe du moine

Attesté 1473

Comba de moyno 11 nov. 1473

Russily ou combe du moine Jal XVIIe

Probablement possession religieuse, supposée au bois de Serres.

Lac Jacob

Attesté 1465

Coste ou lac Jacob 1465

Lac et font Jacob XVIIIe

Situation : pourrait être à l'emplacement de l'étang de Mr Girel ou bien se trouver entre ce dernier et la source de Font Jacou située plus à l'est, en bordure d'un chemin de desserte, à l'ouest du chemin du Petit Bois.

La Ratonnière

Attesté XVIIe siècle

Ce territoire est indiqué tantôt sur Ecully, tantôt sur Dardilly.

 

A Collonges-au-Mont-d'Or, on trouve par un curieux hasard :

« Ce petit ténement (Ratonnière), jadis propriété des Raton (134-1), est situé dans la combe d'Ecully, près du Peytel, mais dans un lieu non déterminé. Ces Raton ont disparu mais ont laissé leur nom adopté comme surnom par une des nombreuses branches des Vallansot.

(Revue du Lyonnais - février 1874 - Collonges-au-Mont-d'Or, étude topographique, étymologique et historique par Georges Debombourg)

Font Jacou

Attesté 1465

Voir plus haut, Lac Jacob.

Le débit de la fontaine de Font Jacou, relevé par Jean Jocteur en septembre 1979, était de 156 litres heure.

Bois Dieu

Attesté 1697 :

« et la terre et hermage de la cure dEscully que fut de la Charité d'Escully appelé Bois Dieu. » Bois Saint-Just ou Bois Dieu - 1700

Probablement possession religieuse au bois de Serres.

Flachères

Attesté en 1697

Territoire des Flachères à présent appelé Fontville. Recon. CLHédoin 5-7-1697

 

Etymologie

« les paturages, brosses, bruyères, . flaches, sagnes, endroits marécageux ne sont presque jamais mesurés dans les terriers du XVe siècle ou antérieurs. (Les campagnes de la région lyonnaise aux XIVe et XVe siècle par Marie-Thérèse Lorcin - Imprimerie Bosc 1974)

Flache, mare d'eau dans un bois dont le sol est argileux. ( Dictionnaire du monde rural - Les mots du passé - Marcel Lachiver - Fayard 1997).

Le pont de chemin de fer de la ligne de Paray-le­-Monial, au bois de Serres, porte le nom de viaduc des Flachères.

La Verdoyure

Attesté 1825

Source : cadastre

 

Etymologie

« Chemin de la Verdoyure aux Plaines » cad.1825

Ce toponyme, relativement récent, pourrait illustrer la devise accompagnant les armes d'Ecully : « Toujours verdoyant ».

Le territoire de la Verdoyure, antérieurement « Charmessière » (1700), se situe de part et d'autre du chemin portant ce nom.

Charmessière est à rapprocher de « charmeire » n.f. - lieu planté de charmes, chermoie. (Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du XIVe par A.J. Greimas - Larousse, novembre 19868)

 

 

 

 

IV - Silex taillés

 

Le Professeur  Demarcq avait trouvé, dans le Bois de Serres, des silex taillés, témoins d'une occupation humaine par quelques lointains ancêtres d'Astérix ou d'Obelix.

 

 

 

 

V - Chemin de Serres

Longueur : 900 mètres

Tendant du chemin du Petit-Bois au C.D. 77 sur Dardilly.

Les cinquante derniers mètres au Nord sont sur la commune de Dardilly.

 

Noms anciens :

territoire de Serra vieille - 1427 (1)

Panetier 1877 (2)

Chemin de Serres, carte de 1900 (3)

Chemin des Serres, carte de 1938

 

Eléments de la vie :

immeuble de bureaux - villas - champs - bois - ruisseau de Serres.

 

Pour se promener :

sentier en sous-bois au parcours agréable.

 

Histoire

Une délibération du conseil municipal en date du 6 novembre 1881 (4) fait état d'une pétition pour ouvrir un chemin desservant le bois de Serres d'une contenance d'environ 200 hectares. Peut-être s'agit-il de notre chemin car le cadastre de 1825 ne mentionne que ses seules extrémités. La liaison entre les deux tronçons n'est pas réalisée.

Ecully, le 30 août 1987

1) étude de Jean Chaffange

2) « Panetier », nom donné à ce chemin sur un acte de vente de 1877 aimablement communiqué par Mr Clément Servonnet.

3) Serraz, serre = crête allongée et dénudée (Guide Michelin des Alpes)

4) Manuscrit de Martin Fayolle, page 449.

 

Source = page 73 de « Ma rue cette inconnue » tome III - Charles Jocteur, octobre 1992

 

 

 

 

VI - Parcellaire et plans des coupes

 

On remarquera, sur le cadastre de 1825, la forme particulière des parcelles du bois de Serres. Bandes rectangulaires très étroites, elles sont perpendiculaires à un axe Nord-Sud. Un plan du XVIIIe siècle du domaine de Fontville présente cette disposition mais chaque lot porte un numéro de coupe. On peut penser que le cadastre a repris pour la numérotation des parcelles ce qui, avant la Révolution, était des plans de coupes.

 

 

 

 

VII - Les Planches

 

Le nom de « Planches » pourrait venir d'un petit pont de bois ou d'une passerelle mais plus vraisemblablement des terres non cultivées devenues paturages qui, en Lyonnais, avaient peut-être la même désignation qu'en patois franco-provençal où elles s'appelaient « planches ». Il est à remarquer que, dans le vallon de Flachères, le ruisseau est bordé de paturages.

 

Un acte de vente en date du 18 mars 1798 (18 ventose, an VI) aimablement communiqué par Mr. BRUNY, semble confirmer notre hypothèse : « Un pré triangulaire appartenant à la dite dame Vve Fourrat allant aboutir au ruisseau et planche joignant le grand chemin dudit Ecully à Dardilly. »

Source = « Ecully au fil de l'eau, les ruisseaux, les moulins, les fontaines »    Ch. Jocteur 1ier nov 1985

 

« A Dardilly on peut encore voir certaines des « planches » (dalles de pierre à gryphées) qui servaient autrefois de soutènement aux berges du ruisseau auquel elles ont donné leur nom. »

Source : Plan de gestion et de mise en valeur des vallons du Nord Ouest Lyonnais - Comptes rendus des 26 et 27 avril 2005 - page 13

 

 

 

 

VIII - Borne de l'An VIII

 

Sur décision du sept floréal An X, de Bernard Deschamp, maire de la commune d'Ecully, quatre bornes « en pierre de taille de la hauteur de quatre pieds chacune » sont plantées aux confins des communes d'Ecully et de Dardilly (avril 1802). (cf Archives municipales d'Ecully série Dl dossier n°3, page 17)

 

Seule subsiste celle du bois de Serres (section F, feuille 2, limite Nord de la parcelle 333); pierre arrondie dans sa partie supérieure : hauteur 63 cm 5, largeur 31 cm, épaisseur 16 cm. Inscriptions : Dardilly An VIII (face Nord) Ecully An VIII (face Sud)

 

Pour la petite histoire rappelons que celle qui était 165 chemin du Raffour ayant été brisée le Groupe d'Histoire, grâce à une subvention municipale, l'avait fait rétablir. Mais cela déplaisait à un riverain qui la brisa à nouveau. Remplacée une nouvelle fois, elle fut alors volée !

 

 

 

 

IX - Moulins

 

Le bois de Serres abritait deux moulins. Celui de Fontville, dont on ignore l'emplacement, et celui du pittoresque hameau des Rivières dont le bief, long de 1.000 mètres environ, avait son origine en aval de la passerelle de la Verdoyure. En 1979, Jean Jocteur avait retrouvé les pieds-droits de la porte de vanne.

 

 

 

 

 

Charles JOCTEUR

 

 


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